jeudi 13 février 2014

S'ABANDONNER A VIVRE. Sylvain Tesson grand conteur !

Sylvain Tesson nous avait fait partager ses 6 mois au bord du lac Baïkal il y a 2 ans. Il revient en conteur avec un nouveau recueil de nouvelles, toujours chez Gallimard, en ce début d'année. Déjà couronné par le Goncourt de la nouvelle en 2009 avec "Une vie à coucher dehors", revoilà le conteur que l'on retrouve dans beaucoup des personnages qu'il raconte. Des profils très différents voyageur, amant, médecin, militaire... à Paris, en Yakoutie, en Afghanistan... chacun au cours de sa vie quotidienne va connaître un accroc, un revers. Chaque vie évoquée est proche de ce que Tesson appelle le "pofivisme". Ce mot russe désigne une attitude face à l'absurdité du monde et à l'imprévisibilité des évènements. C'est une forme de résignation joyeuse, désespérée face à ce qui advient. Ces adeptes du pofigisme s'abandonnent donc à vivre ! Ils refusent le fatalisme, ils le vivent pleinement ! 
Et Tesson est la joyeuse victime de "La malédiction du mouvement" qui l'oblige à toujours prendre la route... Heureusement, Sylvain Tesson sait s'arrêter quelques instants pour déposer chez Gallimard ses manuscrits et même signer quelques livres... ;-)

mardi 11 février 2014

CARNETS DE HOMS de Jonathan Littell : Au plus près de la guerre civile syrienne...

La Syrie est revenu en Une de l'actualité  avec la tentative de conférence de paix "Genève II" qui, hélas, n'a été qu'un dialogue de sourds...
Pour ne pas oublier les Syriens, les victimes et leur combat pour la liberté, je vous invite urgemment à lire les "Carnets de Homs" de Jonathan Littel.
Ce n'est ni un roman, ni un reportage. Jonathan Littell a voulu transmettre ses carnets de guerre de façon aussi simple et brute que possible. Voilà donc 250 pages de carnets pour nous décrire son séjour à Homs en Syrie en janvier 2012. 
C'est juste effrayant ! 
Arrivé quelques jours après la mort du journaliste français Gilles Jacquier, Littell passe outre l'interdiction d'accès aux journalistes décrété par le gouvernement et rejoint via le Liban les quartiers sud de Homs à la rencontre de syriens ordinaires et de soldats de l'ASL. Tous ont une histoire personnelle à raconter, ils ont tous un frère, un père, un proche torturé, mort ou violé. Au fil des jours, les morts s'accumulent comme les témoignages révélant l'horreur de ce régime, les immondes tortures pratiquées et la dérive de ce pouvoir. Mais pas d'info sur la présence d'extrémistes islamistes, de combattant aux couleurs d'Al-quaïda, juste des syriens à la recherche de liberté ! 

Jonathan Littell quitte la Syrie quelques jours avant une nouvelle série de bombardements sur les quartiers d'Homs. Aujourd'hui, impossible de savoir ce que sont devenus les Syriens rencontrés lors de ce séjour...  beaucoup doivent être morts et pour ne pas les oublier Littel termine ses carnets en écrivant :
"De beaucoup que j'ai nommé ici, par leur prénom, une initiale, ou un nom qu'ils s'étaient choisi pour se lancer dans cette aventure, il ne restera sans doute rien au-delà de ces notes, et de leur souvenir dans l'esprit de ceux qui les ont connus et aimés".
Alors que l'actualité zappe d'un sujet à un autre si vite, Littell veut laisser une trace pour ne pas oublier. Un nouvel hommage aux combattants de la liberté perdue.